Au cours de la messe de rentrée paroissiale à la Collégiale, dimanche 8 septembre, à 11 h 15, nous avons fêté 25 ans d'ordination diaconale de Jean-Pierre Hottois. suivie d'un pot et d'un repas à Daval. Voici l’homélie que J.Pierre a prononcé.
HOMELIE DU 8 SEPTEMBRE 2019
CELEBRATION DE MES 25 ANS D’ORDINATION A LA COLLEGIALE DE MONTMORENCY
Chers Amis,
Quel est le thème que la Parole de Dieu nous propose aujourd’hui ? Ne serait-ce pas celui de la « sagesse » ? Il est d’ailleurs logique que le livre de la Sagesse nous parle de sagesse, non ? Ce texte nous fait toucher du doigt nos trois limites.
D’abord nos limites physiques. Nous avons un corps périssable. Comme le dit le psalmiste, nous retournons à la poussière et la vraie mesure de nos jours est comptée. Pour le moment, si nous sommes habituellement en bonne forme, lorsque les pépins de santé surviennent ou que notre corps vieillit mal, il pèse sur notre moral et notre dynamisme naturel et il arrive que nous soyons entravés dans l’aboutissement de nos projets même les plus modestes. Comme disent nos responsables politiques, il faut alors réajuster nos objectifs ! Et nous sommes amenés avec sagesse à faire preuve d’humilité. Dans cet esprit, nos frères et sœurs handicapés ou résidant en maison de retraite nous donnent une leçon de vie exemplaire, eux que le Seigneur nous invite à respecter profondément dans la gestion de leur existence quotidienne et de leurs projets aussi modestes soient-ils, mais de grande valeur aux yeux de Dieu. Les visiteurs du SEM dont je fais partie en témoignent régulièrement.
En second nos limites intellectuelles. Les réflexions des mortels sont incertaines et nos pensées instables. Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre. Ce constat bien ancien est tout à fait d’actualité ! Même si les informations véhiculées par les réseaux sociaux circulent à l’échelle planétaire plus vite que celles échangées avec nos voisins de quartier, ce serait faire preuve d’une absence de sagesse, de croire qu’ils peuvent nous apprendre tout sur tout, d’autant plus que les infox, fake news in english, pullulent et nous manipulent. Faisons plutôt preuve de discernement pour aller vers le pertinent et le profitable. Puisque nous trions nos déchets, ne pouvons-nous pas aussi mettre au rebut les fausses nouvelles ou les informations inutiles qui nous mettent en situation d’instabilité psychologique ?
Ayons conscience en troisième lieu de nos limites spirituelles. Ce que nous avons peine à nous représenter sur terre et que nous trouvons avec effort, ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ? Ce qui est tangible est déjà compliqué à comprendre ; alors ce qui est de l’ordre du divin …. Là, nous n’avons même pas un début d’idée de ce qui nous sépare de Dieu. Prenons-nous conscience des doutes que notre faible foi n’arrive pas à lever ? De notre aveuglement à ne pas admettre l’infini de l’Amour de Dieu qui déborde dans nos âmes et dont la surabondance devrait sans cesse rejaillir sur notre prochain ? De nos manques de temps consacrés à la prière et à la contemplation qui sont pourtant si importants pour nous maintenir dans la paix profonde et faire un infime début de chemin vers l’infinitude de Dieu ?
Alors, à la vue de cette triple prise de conscience, quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Interroge l’auteur. Notons qu’il ne s’agit pas d’accéder à Dieu, ce qui est impossible, mais de comprendre le projet qu’il a pour chacun de nous, sa volonté pour conduire nos vies. Sa question/réponse est limpide : qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? Voilà pour nous le lien fait avec l’un des sept dons de l’Esprit Saint dont la Sagesse fait partie pour nous faire discerner la place où Dieu nous attend et avoir le désir de son Amour infini. Un Amour qui sait nos limites spirituelles, qui sait nos limites intellectuelles, qui sait nos faiblesses physiques, nos finitudes inscrites dans cet enveloppe d’argile périssable qui appesantit notre âme, et alourdit notre esprit aux mille pensées parasites.
Alors, regardons la leçon de sagesse que le Christ nous donne à sa manière à travers ce passage d’Evangile.
Sa Parole nous parait radicale et la barre excessivement haute : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, à sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Est-ce que cette Sagesse divine serait un déni de l’amour de nos proches ? Certainement pas ! Bien au contraire, en donnant notre préférence au Christ, en le mettant à la première place, nous nous laissons saisir par l’Amour de Dieu et nous sommes alors super équipés pour être disciple du Christ, son disciple pour aimer notre prochain, nos parents, nos époux , nos épouses, nos enfants, nos amis, tous ceux qui nous sont confiés dans nos engagements. L’Amour déborde en nous pour les autres ; pas pour le laisser perdre dans le repli sur soi.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. Jésus sait très bien quelles sont nos croix et il sait très bien qu’elles ne sont pas faciles à porter. Il nous demande juste de le suivre et de contempler celle qu’il a du lui-même porter, infiniment plus lourde, chargée des péchés et des souffrances de toute l’humanité.
« Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ». Faut-il ne plus rien posséder et vivre comme les apôtres ou les premiers franciscains ? Ce serait compliqué et finalement pas d’une grande sagesse ! Mais en ne mettant pas la préoccupation pour nos biens matériels au cœur de nos vies et en progressant dans le désamour de l’argent, nous sommes des disciples affranchis du secondaire et ancrés dans l’essentiel.
Enfin, celui qui n’a pas les moyens de ses ambitions pour des projets de construction démesurés ou qui veut mener une guerre perdue d’avance reste dans la déraison de la vanité diamétralement opposée à la perfection de la sagesse. Sachons trouver notre vraie place.
Voilà les perspectives de sagesse que la Parole de Dieu nous donne à méditer. Elles nous mettent sur des sentiers devenus droits où nous pouvons apprendre ce qui plaît au Seigneur. En cette période de rentrée paroissiale nous avons à regarder là où est notre place en communauté ecclésiale et dans la cité, les deux étant étroitement liés, en fonction de nos compétences, de nos disponibilités, de nos charismes. Guidés par l’Esprit de sagesse, nous nous porterons les uns les autres dans la prière fraternelle.
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