Aujourd’hui 17 décembre, en ce 3ème dimanche de l’Avent appelé Gaudete, « notre sœur la mort » a frappé à la porte de la communauté des sœurs Franciscaines polonaises en emmenant sœur Louise Ptak, âgée de 77 ans.
Sœur Louise était une personne unique, au fort caractère, exigeante envers elle-même et envers les autres. Elle avait un grand cœur, était ouverte à tous, en particulier aux personnes traversant des problèmes spirituels et mentaux. Elle savait sentir ce que les personnes rencontrées traversaient et portaient en eux et essayait toujours de les aider.
Nous plaisantions en disant qu’elle avait toujours de la chance. Mais en réalité, elle savait comment se sortir de toutes les situations en trouvant des solutions, surtout lorsqu’elle était responsable de la communauté, directrice du Centre de Soins de Montmorency et de Deuil-La Barre. Sœur Louise était souriante, sereine, pleine d’humour et de vie. Elle aimait prier tout en étant très concrète et dévouée.
Infirmière de profession, elle avait le souci du beau, tant chez les personnes de son entourage que dans les lieux où elle vivait. Le jardin de la maison de Montmorency ravissait tout le monde par son aspect coloré qui changeait à chaque saison. Elle décorait nos lieux de culte, imaginait comment faire la crèche de Noël.
Elle aimait la Congrégation et servait avec dévouement partout où elle le pouvait et où le Seigneur l’envoyait.
Avant d’arriver en France le 19.10.1971, elle fut envoyée en Suède. Pendant 52 ans, au service des malades, elle a pris soin de chacun tout en prenant de bonnes décisions pour l’avenir de sa communauté. Elle s’intéressait à tous les domaines de la vie, était en contact avec la Pologne et ce qui se passait dans son pays natal. Pendant les années difficiles en Pologne, elle a volontiers aidé partout où cela était nécessaire. Elle se souciait de chaque sœur, de la communauté et de l’Eglise à laquelle elle appartenait.
Elle avait beaucoup de respect pour les prêtres.
Sœur Louise était une personne très vive et intelligente et il était possible de parler de tout avec elle car elle se souvenait du moindre détail, de la moindre date d’histoire, de politique. Elle aimait chanter et danser.
Elle fut élevée par les sœurs dans le but de se préparer à affronter la vie. A l’âge de 15 ans elle entra chez les sœurs Franciscaines à Auschwitz. Elle ne resta pas longtemps en Pologne, prononça ses vœux perpétuels plus tôt avant de partir à l’étranger, d’abord la Suède puis la France.
Il est difficile de résumer tous les dons que Dieu, dans sa miséricorde et son amour, a placé en la personne de sœur Louise, âme sensible qui aimait particulièrement la Petite Thérèse, Sainte Elisabeth de la Trinité et Edith Stein.
Que le Seigneur soit sa récompense pour sa belle vie.
Voici un extrait du poème préféré de Sœur Louise, des vers mélancoliques de Juliusz Slowacki, poète romantique polonais en exil à Paris pendant le 19ème siècle.
Je suis triste, Seigneur. A l’Occident, pour moi
Tu répands l’arc-en-ciel éclatant et radieux ;
Dans une eau d’azur tu éteins devant moi
L’astre de feu…
Bien que tu me dores mer et ciel qui meurent,
Je suis triste, Seigneur.
Tels les épis vides à la tête dressée
Je reste las de désirs et las d’être joyeux ;
Pour le monde mon visage a l’uniformité
Du ciel silencieux.
Mais devant Toi, j’ouvrirai le fond de mon cœur,
Je suis triste, Seigneur.
[…]
Comme j’ai souvent rêvé sur les tombes humaines,
Que je n’ai presque pas connu la maison de mon père,
Que j’ai été le pèlerin qui sur la route peine, Aveuglé par le tonnerre,
Comme je ne sais pas où sera mon suprême demeure,
Je suis triste, Seigneur.
Tu verras mes os blanc, mais loin d’être confiés
A la garde superbe de colonnes de marbre ;
Me voici, tel un homme qui doit envier
Les tombes, aux cendres…
Pour mon repos troublé lorsque viendra mon heure,
Je suis triste, Seigneur.
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