« Vis ! » et je te fis croître comme l’herbe des champs »
La première fois j’ai lu cette phrase, j’ai pensé au catéchuménat. Et je me suis demandé : « Le catéchuménat, qu’est-ce que c’est ? ». Un chemin pour découvrir qui est Dieu ou bien pour entretenir et transformer en feu l’étincelle décelée en nous, un temps donné pour grandir dans la foi, un parcours pour cheminer vers la renaissance, une pré-enfance peut-être où on se préparerait à devenir »enfant de Dieu », un désert aussi où chaque hier donne envie de faire demi-tour mais chaque aujourd’hui encourage à continuer. Le catéchuménat, j’imagine, c’est un peu de tout cela. Mais en lisant cette phrase, j’ai aussi pensé à vous.
Vous avez était celui à travers qui Dieu nous a parlé, nous a aimé et le catéchuménat ne fut qu’une introduction à cette immense question : »Suis-je celui à travers qui, Dieu peut aimer ? ». Une interrogation qui peut occuper une vie, qui pousse à se rendre disponible au rendez- vous que Dieu nous donne, aux autres que l’on côtoie, à la vocation qu’Il a pour nous. Qui conduit à se faire plus humble, instrument, témoin, relais. Car Dieu a besoin des Hommes, c’est par eux qu’Il aime. »Puis-je dire que Dieu aime à travers moi ? ». Vous nous avez aidés à devenir nous-même, à comprendre ce que Dieu veut de nous, à l’accepter et à en vivre.
Je m’étais toujours dit que je ne serais jamais croyante. Je n’avais jamais prévu ce qui est arrivé. Et cela a changé ma vie. C’était en 2003. J’avais 19 ans et j’ai dû apprivoiser cette foi naissante, lui donner une place sans la rejeter. Comment accueillir une telle grâce en ayant 19 ans de néant derrière soi. Je n’ai pas compris dès le début que Dieu m’aimait. Mais vous l’avez compris avant moi. Et en silence, tout en respectant le mien, vous m’avez aidé à devenir celle en qui Dieu peut aimer.
J’étais de ces personnes qui pensent que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Et pour moi, se laisser aimer par Dieu n’était pas plus spontané que de l’aimer. Et comment croire à l’amour de quelqu’un qui m’était invisible et intouchable humainement ? J’ai longtemps refusé de penser au baptême. Je ne voyais pas ce….Jésus qui vraisemblablement m’appelait à une autre vie.
C’était Vendredi Saint 2005. J’avais décidé de vous appeler. La cabine téléphonique de laquelle je vous ai appelé n’existe plus. Vous avez décroché : »Enfin ! Depuis le temps que je te voyais hésiter, je me demandais quand tu allais faire le pas ». Puis il y a eu ces deux ans, au cours desquels j’ai souvent voulu retourner à cette cabine et vous dire que j’arrête, tant je ne voyais pas Dieu, même à travers les autres.
Et pourtant, ce fameux soir, 7 avril 2007, lorsque vous m’avez regardé en me disant : »Tu es prête ? », Je me suis senti justifiée d’exister. Alors c’était comme si Dieu me criait : Tu vivras ! » Je passais près de toi, je te vis te débattant. Je te dis, quand tu étais dans ton sang : « Vis ! » et je te fis croître comme l’herbe des champs ». Ez.16, 6. Mon front a touché le fond du baptistère. L’eau était fraîche comme une eau matinale mais elle était aussi pleine de promesses. Je ne me souviens plus si je vous ai entendu me baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Mais en relevant la tête, j’ai su que je vivrais. Au moins pour être témoins du Christ comme vous l’avez été pour nous tous, catéchumènes. Au plus pour Le suivre là où il voudrait bien me mener.
2014
Et voici maintenant dans la Congrégation de St.François, touché par la grâce de rencontre avec Dieu, envoyé dans le monde pour servire Dieu dans ses enfants par mille moyens, en multipliant les dons reçus.