HOMÉLIE DES FUNÉRAILLES
de Sœur Louise Ptak
Mercredi 20 décembre 2023
Paix et bien à chacun et chacune de vous
Notre mission, notre appel, est de contempler, d’écouter et de garder en nous la Parole de Dieu… Elle nous ouvrira les portes du mystère que nous sommes en train de vivre, de célébrer. Elle nous permettra d’y communier et d’en être transformés. Comme la naissance d’un enfant éveille en sa mère, en son père, des capacités insoupçonnées d’amour et de savoir être, le mystère de Noël éveille dans la vie de l’Église une capacité de croire, d’espérer et d’aimer que la raison ne peut imaginer. Contemplons cela à travers trois attitudes de Jésus qui se répercutent dans la vie de l’Église et des disciples, dans la vie de Sœur Louise et de ses Sœurs : Jésus époux de l’humanité – Jésus portant nos souffrances – la démesure de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
Jésus époux de l’humanité dans le mystère de son incarnation
Jésus époux de l’humanité, époux de Sœur Louise et des sœurs de sa congrégation. Telle Marie Madeleine, leur cœur a été touché par la tendresse de Dieu manifestée en Jésus-Christ. Leurs vies sont consacrées, orientées, données à Jésus.
Il s’ensuit un cœur à cœur, une attention tant dans la prière, la vie communautaire que dans le service de tous, la disponibilité à chacun et pour nos sœurs le soin des malades et des mourants.
Sœur Louise dira « Dieu m’a chouchouté à travers toutes les rencontres qu’il m’a données de vivre ! »
Jésus a pris soin de son épouse ! Il l’a dorlotée !
Pour l’épouse attentive et aimante il y a toujours une attente … Celle de contenter son époux, oui … Mais Il s’agit bien davantage de l’attente de cette communion plénière et intime avec l’Époux, avec Jésus. « Où t’es-tu caché Bien-Aimé ? Après avoir blessé mon cœur par ton amour, tel le cerf tu t’es enfui … »
Cette attente amoureuse est celle que tous, baptisés, est appelé à vivre jusqu’à désirer que le dernier voile se déchire afin de voir face à face le Seigneur Jésus dans toute sa gloire.
C’est ce qu’exprime Ste Thérèse de l’Enfant Jésus quand elle dit vouloir mourir d’amour !
Sœur Louise entretenait avec « son Jésus » un dialogue incessant
Au cœur même des préoccupations les plus concrètes et les plus
Difficiles. Elle désirait accomplir sa volonté pour mieux vivre en Lui.
Marie Madeleine attendait, seule, devant le tombeau vide … Elle avait bien servi le Christ, les Apôtres sur les routes de la terre sainte … Elle était même venue pour prendre soin du corps du Seigneur … Elle attendait seule devant le tombeau, c’était à vue humaine bien inutile ! C’est Pourtant là que le Christ lui manifesta sa présence et sa gloire de ressuscité ; elle s’écrie : « Rabouni ! Sœur Louise nous espérons que, vous aussi, puissiez maintenant vivre
une telle rencontre et dire de tout votre cœur à Jésus : « Rabouni ! »
C’est l’Espérance que nous avons pour nous-mêmes et nos chers défunts …
Jésus portant nos souffrances
Le Fils unique de Dieu, en se faisant homme a épousé l’humanité. Il n’a pas seulement épousé la beauté de l’humanité créée à l’image et à la ressemblance
de Dieu, mais il a épousé cette humanité avec toutes ses limites, ses blessures,
la laideur – la puanteur…et la souffrance venant des péchés … Vraiment Dieu aime l’humanité, Il ne fait pas semblant !
Il le fait – sans la puissance de sa gloire – et affronte comme à « mains nues » la puissance terrifiante de l’esprit mauvais et de la mort. Il en a été vainqueur dans sa résurrection.
Par appel de Dieu les Sœurs sont « filles des sept douleurs de Notre Dame », proches des malades, des mourants et de toutes personnes en difficulté … Elles partagent leurs fardeaux, le portent avec elles, et l’unissent à la croix du Christ …
Ainsi la lumière de la résurrection réconforte et ouvre à l’Espérance les cœurs les plus endurcis … Mystère de Pâques dans l’épaisseur de la chair souffrante des hommes !
Sœur Louise, bien que cela ne soit pas dans sa nature, son inclination …
a entendu l’appel de Dieu à le servir dans les malades et elle y a mis
son cœur et toutes ses capacités. C’est là que Jésus, l’époux de son âme,
s’est davantage donné à aimer ; s’est davantage fait connaître à elle …
Cet amour de l’époux a pour nom MISÉRICORDE. Longue patience, force et puissance de Dieu pour nous rejoindre et attirer notre cœur à se tourner vers la vie.
Entourée de ses Sœurs et dans un climat de simplicité et de joie toute franciscaine, Sœur Louise avait reçu le don d’accueillir au nom de Jésus de nombreuses personnes. Elle savait les aider à déposer leur fardeau entre ses mains. A sa façon elle accompagnait spirituellement des jeunes et des moins jeunes, des religieuses, des séminaristes, des prêtres et bien d’autres …
La démesure de l’amour de Dieu manifestée en Jésus-Christ
La démesure de l’amour de Dieu pour l’humanité se répercute naturellement, un jour ou l’autre, dans la vie des disciples du Christ …
C’est le choix d’un amour fidèle pour la vie … C’est la réponse à consacrer sa vie à Dieu … C’est le choix d’une simplicité de vie pour être avec les plus pauvres … C’est l’appel à donner un pardon sans qu’il y ait eu une demande, une excuse …
C’est encore la paix du cœur en vivant des situations humaines difficiles, voire humiliantes … C’est l’espérance paisible de la miséricorde devant la pauvreté de notre vie de disciple …
Portée par la vie communautaire,
l’amitié et la prière de beaucoup autour d’elle …
Sans doute émue par la tendresse et la miséricorde de Dieu expérimentées et contemplées à travers toutes les personnes rencontrées …
À L’occasion du jubilé de ses 50 ans de vie consacrée,
découvrant qu’elle avait une tumeur au sein …
En réponse « au trop grand amour de Dieu »,
Sœur Louise n’a rien dit pendant deux ans
et ne s’est pas soignée …
elle s’est offerte d’une nouvelle façon à Dieu,
laissant Jésus l’unir à son offrande pour le salut du monde,
de l’Église, pour sa congrégation et pour les malades …
Devant le déchaînement du Mal et de la violence et la perte du sens de la vie,
penchés sur le mystère du Fils de Dieu en sa naissance,
portés par le témoignage de tant de croyants …
et par celui des saints et des saintes qui nous ont précédés,
à quelle démesure d’amour, d’espérance et de foi Dieu va-t-il nous appeler ?
Père Guillaume Villatte