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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 23:02

«La foi est alors un assentiment avec lequel notre esprit et notre cœur disent « oui » à Dieu, confessant que Jésus est le Seigneur».

 

Texte intégral de la catéchèse donnée par le pape

Année de la foi. Qu’est-ce que la foi ?
Chers frères et sœurs,

Mercredi dernier, avec le début de l’Année de la foi, j’ai commencé une nouvelle série de catéchèses sur la foi. Et aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur une question fondamentale : qu’est-ce que la foi ? La foi a-t-elle encore un sens dans un monde où la science et la technique ont ouvert des horizons encore impensables il y a peu de temps ? Que signifie croire aujourd’hui ? En effet, notre époque a besoin d’une éducation de la foi renouvelée qui comprenne bien sûr une connaissance de ses vérités et des événements de la foi, mais surtout qui naisse d’une véritable rencontre avec Dieu en Jésus-Christ, d’un amour pour lui, d’une confiance en lui, au point que la vie tout entière en soit impliquée.

Aujourd’hui, parmi tant de signes de bonté, se développe aussi autour de nous un certain désert spirituel. Parfois, en entendant tous les jours des nouvelles de certains événements, on a comme la sensation que le monde ne va pas vers la construction d’une communauté plus fraternelle et plus pacifique ; les idées mêmes de progrès et de bien-être dévoilent aussi leurs ombres. Malgré la grandeur des découvertes de la science et des succès de la technique, l’homme ne semble pas aujourd’hui être devenu plus libre, plus humain ; tant de formes d’exploitation, de manipulation, de violence, d’abus, d’injustice demeurent encore… Un certain type de culture aussi a enseigné à évoluer seulement dans l’horizon des choses, du faisable, à ne croire qu’en ce qu’on peut voir et toucher de nos mains. D’autre part aussi on constate un nombre croissant de personnes qui se sentent désorientées et qui, dans leur tentative d’aller au-delà d’une vision seulement horizontale de la réalité, sont prêtes à croire tout et son contraire. Dans ce contexte, certaines questions fondamentales émergent de nouveau, beaucoup plus concrètes qu’elles ne le semblent à première vue : quel est le sens de la vie ? Y a-t-il un avenir pour l’homme, pour nous et pour les nouvelles générations ? Dans quelle direction orienter les choix de notre liberté pour pouvoir mener une vie bonne et heureuse ?

 

 

 

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Qu’est-ce qui nous attend après la mort ?

 

On perçoit dans ces questions impérieuses combien le monde de la planification, du calcul exact et de l’expérimentation, en un mot le savoir de la science, bien qu’il soit important pour la vie de l’homme, ne suffit pas. Nous n’avons pas seulement besoin de pain matériel, nous avons besoin d’amour, de sens et d’espérance, d’un fondement sûr, d’un terrain ferme qui nous aide à donner un sens authentique à notre vie même dans les crises, dans l’obscurité, dans les difficultés et les problèmes quotidiens. La foi nous donne justement cela : c’est un abandon confiant à un « Tu » qui est Dieu, qui me donne une certitude différente, mais pas moins solide que celle qui me vient d’un calcul exact ou de la science.

La foi n’est pas simplement un assentiment intellectuel de l’homme à des vérités particulières sur Dieu ; c’est un acte par lequel je me confie librement à un Dieu qui est Père et qui m’aime ; c’est une adhésion à un « Tu » qui me donne espérance et confiance. Certes, cette adhésion à Dieu n’est pas privée de contenus : par elle nous sommes conscients que Dieu lui-même s’est montré à nous dans le Christ, a fait voir son visage et s’est réellement fait proche de chacun de nous. Et même, Dieu a révélé que son amour pour l’homme, pour chacun de nous, est sans mesure : sur la Croix, Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu fait homme, nous montre de la manière la plus lumineuse qui soit jusqu’où va cet amour, jusqu’au don de lui-même, jusqu’au sacrifice total.

Dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, Dieu descend au plus profond de notre humanité pour la ramener jusqu’à lui, pour l’élever à sa hauteur. La foi consiste à croire en cet amour de Dieu qui ne diminue pas devant la méchanceté de l’homme, devant le mal et la mort, mais qui est capable de transformer toute forme d’esclavage, en donnant la possibilité du salut. Avoir la foi, alors, c’est rencontrer ce « Tu », Dieu, qui me soutient et m’accorde la promesse d’un amour indestructible, qui non seulement aspire à l’éternité mais la donne ; c’est me confier à Dieu avec l’attitude d’un enfant qui sait bien que toutes ses difficultés, tous ses problèmes sont en sécurité dans le « tu » de sa mère.

Et cette possibilité de salut, à travers la foi, est un don que Dieu offre à tous les hommes. Je pense que nous devrions méditer plus souvent – dans notre vie quotidienne caractérisée par des problèmes et des situations parfois dramatiques – sur le fait que croire de manière chrétienne signifie cet abandon de moi-même, confiant dans le sens profond qui me porte et qui porte le monde, ce sens que nous ne sommes pas en mesure de nous donner, mais seulement de recevoir, et qui est le fondement sur lequel nous pouvons vivre sans peur. Et cette certitude libératrice et rassurante de la foi, nous devons être capables de l’annoncer par la parole et de la montrer par notre vie de chrétiens.

Mais autour de nous, nous voyons tous les jours que beaucoup sont indifférents ou refusent d’accueillir cette annonce. A la fin de l’évangile de Marc, aujourd’hui, nous avons entendu les paroles dures du Ressuscité qui disaient : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16, 16), il se perd. Je voudrais vous inviter à réfléchir là-dessus. La confiance dans l’action de l’Esprit-Saint doit toujours nous pousser à aller prêcher l’évangile, à donner le témoignage courageux de la foi ; mais, au-delà de la possibilité d’une réponse positive au don de la foi, il y a aussi le risque du refus de l’évangile, du non-accueil de la rencontre vitale avec le Christ.

Saint Augustin soulevait ce problème dans un de ses commentaires de la parabole du semeur : « Nous, du moins, nous parlons, disait-il, nous jetons et dispersons la semence. Parmi nos auditeurs il en est qui méprisent, il en est qui se plaignent, il en est qui rient. Si nous craignons tous ces auditeurs, il ne nous est plus possible de semer et nous devons nous attendre à mourir de faim à la moisson. Que la semence arrive donc jusqu'à la bonne terre » (De la discipline chrétienne, 13, 14). Le refus, donc, ne peut pas nous décourager. Comme chrétiens, nous sommes le témoignage de ce terrain fertile : notre foi, malgré nos limites, montre qu’il existe une bonne terre, où la semence de la parole de Dieu produit des fruits abondants de justice, de paix et d’amour, de nouvelle humanité, de salut. Et toute l’histoire de l’Eglise, avec tous ses problèmes, démontre aussi qu’il existe une bonne terre, qu’il existe du bon grain, et qu’il porte du fruit.

Mais posons-nous une question : d’où l’homme tient-il cette ouverture du cœur et de l’esprit pour croire en ce Dieu qui s’est rendu visible en Jésus-Christ mort et ressuscité, pour accueillir son salut, en sorte que Jésus et son évangile deviennent le guide et la lumière de son existence ? La réponse est celle-ci : nous pouvons croire en Dieu parce qu’il s’approche de nous et nous touche, parce que l’Esprit-Saint, don du Ressuscité, nous rend capables d’accueillir le Dieu vivant. La foi alors est avant tout un don surnaturel, un don de Dieu.

 

 

Le concile Vatican II affirme : « Pour exister, cette foi requiert la grâce prévenante et adjuvante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous la douce joie de consentir et de croire à la vérité’ » (Const. dogm. Dei Verbum, 5). A l’origine de notre cheminement de foi, il y a le baptême, le sacrement qui nous donne l’Esprit-Saint, faisant de nous des enfants de Dieu dans le Christ, et qui marque l’entrée dans la communauté de foi, dans l’Eglise : on ne croit pas par soi-même, sans la prévenance de la grâce de l’Esprit ; et on ne croit pas tout seul, mais avec des frères. A partir du baptême, tout croyant est appelé à revivre et à faire sienne cette confession de foi, avec ses frères.

La foi est don de Dieu, mais c’est aussi un acte profondément libre et humain. Le Catéchisme de l’Eglise catholique le dit clairement : « Croire n’est possible que par la grâce et les secours intérieurs du Saint-Esprit. Il n’en est pas moins vrai que croire est un acte authentiquement humain. Il n’est contraire ni à la liberté ni à l’intelligence de l’homme » (n. 154). Au contraire, il les implique et les exalte, dans un pari de la vie qui est comme un exode, c’est-à-dire une sortie de soi, de ses sécurités, de ses schémas mentaux, pour se confier à l’action de Dieu qui nous indique la route pour obtenir la vraie liberté, notre identité humaine, la vraie joie du cœur, la paix avec tous. Croire, c’est se confier en toute liberté et dans la joie au dessein providentiel de Dieu sur l’histoire, comme le fit le patriarche Abraham, comme le fit Marie de Nazareth. La foi est alors un assentiment par lequel notre esprit et notre cœur disent leur « oui » à Dieu, en confessant que Jésus est le Seigneur. Et ce « oui » transforme la vie, lui ouvre le chemin vers une plénitude de sens, la rend nouvelle, riche de joie et d’une espérance sûre.

Chers amis, notre époque a besoin de chrétiens qui ont été saisis par le Christ, qui grandissent dans la foi grâce à leur familiarité avec l’Ecriture sainte et les sacrements. De personnes qui soient comme un livre ouvert qui raconte l’expérience de la vie nouvelle dans l’Esprit, la présence de ce Dieu qui nous soutient en chemin et nous ouvre à la vie qui ne finira jamais. Merci.

 

Un acte de l'homme et un don de Dieu

Anne Kurian

ROME, mercredi 24 octobre 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a médité sur la nature de la foi, ce mercredi 24 octobre 2012, lors de l’audience générale place Saint-Pierre : elle est un « don surnaturel » mais aussi un acte « humain » et « libre », qui ne contredit pas l'intelligence de l’homme.

Le pape a en effet poursuivi ce matin son cycle de catéchèses pour l’Année de la foi, initié mercredi dernier, entouré de milliers de personnes du monde entier, sous le soleil de Rome.

Il s’est interrogé notamment sur la nature de la foi, estimant que « notre époque a besoin d’une éducation de la foi », qui « naisse d’une véritable rencontre avec Dieu en Jésus-Christ, d’un amour pour lui, d’une confiance en lui, au point que la vie tout entière en soit impliquée ».

Un acte de l’homme et un don de Dieu

La foi est d’abord un « don surnaturel », car il n’est pas possible de « croire tout seul, sans la grâce de l’Esprit Saint et sans les autres baptisés », a-t-il dit, mais elle est aussi « un acte profondément libre et humain qui implique la liberté et l’intelligence ».

Cet acte humain, a-t-il précisé, n’est pas « une simple adhésion intellectuelle à des vérités particulières sur Dieu », c’est « un acte d’abandon libre à Dieu», qui est « Père », qui « aime » l’homme et qui s’est fait « proche de chacun dans son Fils incarné ».

Citant le catéchisme de l'Eglise catholique, il a rappelé que la foi « ne contredit ni la liberté ni l’intelligence de l’homme », au contraire, « elle les implique et les exalte », en faisant sortir l'homme « de lui-même, de ses schémas mentaux, pour se confier à l'action de Dieu ».

« Croire, c’est rencontrer Dieu et s’abandonner à Lui comme un enfant », a poursuivi le pape : c’est un acte par lequel l’esprit et le cœur de l’homme « disent ‘oui’ à Dieu ».

La vraie liberté

Et « ce ‘oui’ transforme la vie, lui donne une plénitude de sens et la rend nouvelle, riche de joie et d’espoir confiant », a affirmé Benoît XVI.

Dans le « désert spirituel » actuel, a-t-il en effet constaté, « malgré la grandeur des découvertes de la science et des succès de la technique, l’homme ne semble pas aujourd’hui être devenu plus libre, plus humain» : le pape a cité en ce sens « tant de formes d’exploitation, de manipulation, de violence, d’abus, d’injustice », dénonçant « une culture qui a éduqué l’homme à ne croire qu’en ce qu’il peut voir et toucher de ses mains ».

Or, l’homme a besoin non seulement du « pain matériel », mais aussi « d’amour, de sens et d’espérance, d’un fondement sûr, d’un terrain ferme », qui l’aide à trouver « un sens authentique » à sa vie, y compris « dans les crises, dans l’obscurité, dans les difficultés et les problèmes quotidiens », a-t-il ajouté.

C’est justement ce que qu’apporte la foi, a souligné Benoît XVI, car Dieu y indique « le vrai chemin qui conduit à la vraie liberté, à l’identité humaine, à la véritable joie du cœur et à la paix avec tous ».

Si la foi offre une « certitude » qui est « différente de celle de la technique et de la science », elle n’en est cependant « pas moins solide », a également fait observer le pape.

Car elle donne la certitude « libératrice et rassurante » d’un « amour indestructible » ; elle s’apparente à « l’attitude d’un enfant qui sait bien que toutes ses difficultés, tous ses problèmes sont en sécurité dans le « tu » de sa mère ».

Etre des « livres ouverts »

Benoît XVI a finalement encouragé à « annoncer l’Évangile » autour de soi et à « rendre toujours témoignage » de sa foi, avec « confiance dans l’action de l’Esprit Saint ».

Il a notamment invité à réfléchir aux paroles Jésus : « qui croit et sera baptisé sera sauvé, mais qui ne croit pas sera condamné » (Mc 16,16).

Si cette parole illustre le « risque du refus de l’Evangile » dans l’évangélisation, il ne doit cependant « pas décourager » les évangélisateurs, a-t-il estimé : la foi montre qu’il existe une « bonne terre », et toute l’histoire de l’Eglise, malgré ses vicissitudes, montre que cette terre « porte du fruit ».

Le pape a insisté en outre sur la nécessité de « renouveler l’éducation à la foi », « qui nait d’une vraie rencontre avec Dieu en Jésus Christ ». Il s’agit de se laisser « saisir par le Christ », de faire « croître » sa foi, notamment par « une familiarité avec les Saintes Écritures et les Sacrements », d’être des « livres ouverts qui racontent l’expérience de notre vie renouvelée dans l’Esprit Saint ».

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 22:12

Le Credo au centre de la première catéchèse du pape pour l'Année de la Foi

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ROME, mercredi 17 octobre 2012 (ZENIT.org) –

 

« Dieu s’est révélé par des paroles et des œuvres dans toute une longue histoire d’amitié avec l’homme, qui culmine dans l’incarnation du Fils de Dieu et dans le mystère de sa mort et sa résurrection » : c’est la foi de l’Eglise que Benoît XVI invite à « reconnaître » pendant cette Année. Le pape s’est en effet adressé ce mercredi 17 octobre, aux quelque 20.000 visiteurs rassemblés pour l’audience hebdomadaire, place Saint-Pierre. Il a lancé un nouveau cycle de catéchèses pour l’Année de la foi.

 

Chers frères et sœurs,

 

Aujourd’hui, je voudrais introduire le nouveau cycle de catéchèses qui va se dérouler tout au long de l’Année de la foidans laquelle nous venons d’entrer et qui interrompt, pendant cette période, le cycle consacré à l’école de prière. J’ai lancé cette année particulière, avec la lettre apostolique Porta Fidei, précisément pour que l’Eglise renouvelle son enthousiasme de croire en Jésus-Christ, unique sauveur du monde, qu’elle ravive sa joie de marcher sur le chemin qu’il nous a indiqué et qu’elle témoigne concrètement de la force transformante de la foi.

Le rappel des cinquante ans de l’ouverture du concile Vatican II est une occasion importante pour retourner à Dieu, pour approfondir et vivre plus courageusement sa foi, pour affermir son appartenance à l’Eglise, « maîtresse d’humanité », qui, à travers l’annonce de la Parole, la célébration des sacrements et les œuvres de charité, nous guide pour rencontrer et connaître le Christ, vrai Dieu et vrai homme. Il s’agit d’une rencontre, non pas avec une idée ou un projet de vie, mais avec une Personne vivante qui nous transforme en profondeur et nous révèle notre véritable identité d’enfants de Dieu. La rencontre avec le Christ renouvelle nos relations humaines en les orientant, jour après jour, vers une plus grande solidarité et fraternité, dans la logique de l’amour. Avoir foi dans le Seigneur n’est pas un fait qui intéresse seulement notre intelligence, le terrain du savoir intellectuel, mais c’est un changement qui engage notre vie et tout notre être : nos sentiments, notre cœur, notre intelligence, notre volonté, notre corporéité, nos émotions, nos relations humaines. Avec la foi, tout change en nous et pour nous, et se dessinent alors clairement notre destin futur, la vérité de notre vocation dans l’histoire, le sens de la vie, le goût d’être des pèlerins en marche vers la patrie céleste.

 

Mais, posons-nous la question : la foi est-elle vraiment la force transformante de notre vie, de ma vie ? Ou bien elle est seulement un des éléments qui font partie de l’existence, sans être le point déterminant qui l’implique totalement ? Avec les catéchèses de cette Année de la foi, nous voulons nous mettre en route pour fortifier ou retrouver la joie de la foi, en comprenant qu’elle n’est pas quelque chose d’étranger, de détaché de la vie concrète, mais elle en est l’âme. La foi en un Dieu qui est amour, et qui s’est fait proche de l’homme en s’incarnant et en se donnant sur la croix pour nous sauver et nous rouvrir les portes du Ciel, indique de façon lumineuse que la plénitude de l’homme ne se trouve que dans l’amour.

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Aujourd’hui, il est nécessaire de le redire clairement, lorsque les transformations culturelles en acte montrent souvent tant de formes de barbaries qui passent pour être le signe de « conquêtes de civilisation » : la foi affirme qu’il n’y a pas de véritable humanité sinon dans les lieux, les gestes, les temps et les formes où l’homme est animé de l’amour qui vient de Dieu, exprimé comme un don, manifesté dans des relations riches d’amour, de compassion, d’attention et de service désintéressé envers l’autre. Là où sont la domination, la possession, l’exploitation, la réduction de l’autre à une marchandise par égoïsme, l’arrogance du moi replié sur lui-même, l’homme est appauvri, dégradé, défiguré. La foi chrétienne, active dans la charité et forte dans l’espérance, ne limite pas mais humanise la vie, et même elle la rend pleinement humaine.

 

La foi, c’est accueillir ce message transformant dans notre vie, c’est accueillir la révélation de Dieu, qui nous fait connaître qui Il est, comment il agit, quels sont ses projets pour nous. Certes, le mystère de Dieu demeure toujours au-delà de nos concepts et de notre raison, nos rites et nos prières. Cependant, avec la révélation, c’est Dieu lui-même qui se communique, se raconte, se rend accessible. Et nous sommes rendu capables d’écouter sa parole et de recevoir sa vérité. Voilà la merveille de la foi : Dieu, dans son amour, crée en nous – à travers l’œuvre de l’Esprit-Saint – les conditions adéquates pour que nous puissions reconnaître sa parole. Dieu lui-même, dans sa volonté de se manifester, d’entrer en contact avec nous, de se rendre présent dans notre histoire, nous rend capables de l’écouter et de l’accueillir. Saint Paul l’exprime avec joie et reconnaissance lorsqu’il dit : « Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu de ce que, une fois reçue la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez accueillie, non comme une parole d'hommes, mais comme ce qu'elle est réellement, la parole de Dieu » (1 Th 2, 13).

 

Dieu s’est révélé par des paroles et des œuvres dans toute une longue histoire d’amitié avec l’homme, qui culmine dans l’incarnation du Fils de Dieu et dans le mystère de sa mort et sa résurrection. Dieu s’est non seulement révélé dans l’histoire d’un peuple, non seulement il a parlé par les prophètes, mais il a franchi les portes du ciel pour entrer sur la terre des hommes, comme un homme, pour que nous puissions le rencontrer et l’écouter.Et de Jérusalem, l’annonce de l’Evangile du salut s’est diffusée jusqu’aux extrémités de la terre. L’Eglise, née du côté du Christ, est devenue porteuse d’une nouvelle et solide espérance : Jésus de Nazareth, crucifié et ressuscité, sauveur du monde, qui est assis à la droite du Père et qui est le juge des vivants et des morts. Voilà le kérygme, l’annonce centrale et ininterrompue de la foi. Mais depuis les débuts, se pose le problème de la « règle de la foi », c’est-à-dire de la fidélité des croyants à la vérité de l’évangile, dans laquelle ils doivent demeurer fermes, à la vérité salvifique sur Dieu et sur l’homme qu’il faut garder et transmettre. Saint Paul écrit : « vous vous sauvez, si vous le [l’évangile] gardez tel que je vous l'ai annoncé ; sinon, vous auriez cru en vain » (1 Co 15, 2).

 

Mais où trouvons-nous la formule essentielle de la foi ? Où trouvons-nous les vérités qui se sont fidèlement transmises et qui constituent la lumière pour notre vie quotidienne ? La réponse est simple : dans le Credo, dans la Profession de foi, ou Symbole de la foi, nous nous rattachons à l’événement originel de la personne et de l’histoire de Jésus de Nazareth ; ce que l’apôtre des gentils disait aux chrétiens de Corinthe devient alors concret : « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures,4 qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour » (1 Co 15, 3).

 

Aujourd’hui encore nous avons besoin que le Credo soit mieux connu, compris et prié. Il est important surtout que le Credo soit, pour ainsi dire, « reconnu ». Connaître, en effet, pourrait être une opération purement intellectuelle, alors que « reconnaître » signifie la nécessité de découvrir le lien profond entre les vérités que nous professons dans le Credo et notre existence quotidienne, pour que ces vérités soient vraiment et concrètement, comme elles l’ont toujours été, une lumière pour nos pas dans notre vie, une eau qui irrigue dans la sécheresse de notre chemin, une vie qui l’emporte sur les déserts de la vie contemporaine.

 

La vie morale du chrétien se greffe sur le Credo et trouve en lui son fondement et sa justification.Ce n’est pas un hasard si le bienheureux Jean-Paul II a voulu que le Catéchisme de l’Eglise catholique, norme sûre pour l’enseignement de la foi et source certaine d’une catéchèse renouvelée, soit fondé sur le Credo. Il s’agissait de confirmer et de conserver ce noyau central de la vérité de la foi, en le restituant dans un langage plus intelligible aux hommes de notre temps, c’est-à-dire à nous-mêmes. Il est du devoir de l’Eglise de transmettre la foi, de communiquer l’Evangile, afin que les vérités chrétiennes soient lumière dans les nouvelles transformations culturelles, et que les chrétiens soient capables de rendre raison de l’espérance qu’ils portent (cf. 1 P 3, 14).

 

Aujourd’hui, nous vivons dans une société profondément changée même par rapport à un passé récent, et en mouvement continu. Les processus de la sécularisation et d’une mentalité nihiliste diffuse, dans laquelle tout est relatif, ont marqué fortement la mentalité commune. Ainsi, la vie est souvent vécue avec légèreté, sans idéaux clairs ni d’espérances solides, au sein de liens sociaux et familiaux inconsistants, provisoires. Et surtout, les nouvelles générations ne sont pas éduquées à la recherche de la vérité et du sens profond de l’existence qui dépasse le contingent, à la stabilité des affections, à la confiance. Au contraire, le relativisme pousse à ne pas avoir de points de repère fermes, le soupçon et l’inconstance provoquent des ruptures dans les relations humaines, alors que la vie est vécue dans des expériences qui durent peu, irresponsables. Si l’individualisme et le relativisme semblent dominer l’esprit de beaucoup de nos contemporains, on ne peut pas dire que les croyants soient totalement à l’abri de ces dangers, auxquels nous sommes confrontés dans la transmission de la foi. L’enquête lancée dans tous les continents pour la célébration du synode des évêques sur la nouvelle évangélisation en a mis certains en lumière : une foi passive, vécue de manière privée, le refus de l’éducation à la foi, la fracture entre vie et foi.

 

Le chrétien, souvent, ne connaît pas même le noyau central de sa foi catholique, du Credo, au point de laisser la place à un certain syncrétisme et à un relativisme religieux, sans idée claire sur les vérités à croire et sur la singularité salvifique du christianisme. Nous ne sommes pas si loin du risque de construire, pour ainsi dire, une religion « à la carte ». Il faut, au contraire, nous tourner vers Dieu, le Dieu de Jésus-Christ, il faut que nous redécouvrions le message de l’évangile, que nous le fassions entrer plus profondément dans nos consciences et notre vie quotidienne.

 

Dans les catéchèses de cette Année de la foi, je voudrais offrir une aide pour accomplir ce chemin, pour reprendre et approfondir les vérités centrales de la foi sur Dieu, sur l’homme, sur l’Eglise, sur toute la réalité sociale et cosmique, en méditant et en réfléchissant sur les affirmations du Credo. Et je voudrais qu’il en résulte clairement que ces contenus ou vérités de la foi (fides quae) se relient directement à notre vécu ; ils demandent une conversion de notre existence, qui donne vie à une nouvelle manière de croire en Dieu (fides qua). Connaître Dieu, le rencontrer, approfondir les traits de son visage met en jeu notre vie, parce que Dieu entre dans les dynamismes profonds de l’être humain.

 

Puisse le chemin que nous accomplirons cette année nous faire tous grandir dans la foi et dans l’amour du Christ, pour que nous apprenions à vivre, dans nos choix et nos actions quotidiennes, la vie bonne et belle de l’Evangile. Merci.

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 19:15

    Homélie de Benoît XVI :

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Vénérés frères
 Chers frères et sœurs,

Zeslanie Ducha Swietego 09 1

 

A 50 ans de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II, c’est avec une joie profonde que nous inaugurons aujourd’hui l’Année de la foi. Je suis heureux de saluer toutes les personnes présentes, en particulier Sa Sainteté Bartholomée I, Patriarche de Constantinople, ainsi que Sa Grâce Rowan Williams, Archevêque de Canterbury. J’ai une pensée spéciale pour les Patriarches et les Archevêques majeurs des Églises orientales catholiques et pour les Présidents des Conférences épiscopales. Pour faire mémoire du Concile, que certains d’entre nous ici présents – et que je salue affectueusement – ont eu la grâce de vivre personnellement, cette célébration est encore enrichie par quelques signes spécifiques : la procession initiale qui rappelle la procession inoubliable des Pères conciliaires lorsqu’ils firent leur entrée solennelle dans cette Basilique ; l’intronisation de l’Evangéliaire, copie de celui-là même qui a été utilisé durant le Concile ; les sept Messages finaux du Concile ainsi que le Catéchisme de l’Église catholique que je remettrai à la fin de la Messe, avant la Bénédiction. Non seulement ces signes ne nous font pas seulement souvenir, mais ils nous offrent aussi l’opportunité de dépasser cette perspective pour aller au-delà. Ils nous invitent à entrer plus avant dans le mouvement spirituel qui a caractérisé Vatican II, pour se l’approprier et lui donner tout son sens. Ce sens fut et demeure la foi en Christ, la foi apostolique, animée par l’élan intérieur qui pousse à annoncer le Christ à chaque homme et à tous les hommes pendant le pèlerinage de l’Église sur les chemins de l’histoire.

 

  lasSciezka

 

 

La cohérence entre l’Année de la foi que nous ouvrons aujourd’hui et le chemin que l’Église a parcouru depuis les 50 dernières années est évidente : à commencer par le Concile, puis à travers le Magistère du Serviteur de Dieu Paul VI qui, déjà en 1967, avait proclamé une « Année de la foi », jusqu’au Grand Jubilée de l’an 2000 par lequel le Bienheureux Jean-Paul II a proposé à nouveau à toute l’humanité Jésus-Christ comme unique Sauveur, hier, aujourd’hui et pour toujours. Entre ces deux pontifes, Paul VI et Jean-Paul II, existe une convergence totale et profonde précisément au sujet du Christ, centre du cosmos et de l’histoire, ainsi qu’au regard du zèle apostolique qui les a portés à l’annoncer au monde. Jésus est le centre de la foi chrétienne. Le chrétien croit en Dieu par Jésus qui nous en a révélé le visage. Il est l’accomplissement des Écritures et leur interprète définitif. Jésus-Christ n’est pas seulement objet de la foi mais, comme le dit la Lettre aux Hébreux, il est « celui qui donne origine à la foi et la porte à sa plénitude » (He 12,2).

  jezus

L’Évangile de ce jour nous dit que Jésus, consacré par le Père dans l’Esprit-Saint, est le sujet véritable et pérenne de l’évangélisation. « L’Esprit du Seigneur est sur moi pour cela il m’a consacré par l’onction et m’a envoyé annoncer aux pauvres une bonne nouvelle » (Lc 4,18). Cette mission du Christ, ce mouvement, se poursuit dans l’espace et dans le temps, il traverse les siècles et les continents. C’est un mouvement qui part du Père et, avec la force de l’Esprit, porte la bonne nouvelle aux pauvres de tous les temps, au sens matériel et spirituel. L’Église est l’instrument premier et nécessaire de cette œuvre du Christ parce qu’elle est unie à Lui comme le corps l’est à la tête. « Comme le Père m’a envoyé, moi-aussi je vous envoie » (Jn 20, 21). C’est ce qu’a dit le Ressuscité aux disciples et, soufflant sur eux, il ajouta : « Recevez l’Esprit Saint » (v. 22). C’est Dieu le sujet principal de l’évangélisation du monde, à travers Jésus- Christ ; mais le Christ lui-même a voulu transmettre à l’Église sa propre mission, il l’a fait et continue de le faire jusqu’à la fin des temps en répandant l’Esprit-Saint sur les disciples, ce même Esprit qui se posa sur Lui et demeura en Lui durant toute sa vie terrestre, Lui donnant la force de « proclamer aux prisonniers la libération et aux aveugles la vue », de « remettre en liberté les opprimés » et de « proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).

  Zeslanie Ducha Swietego 08 1

 

Le Concile Vatican II n’a pas voulu consacrer un document spécifique au thème de la foi. Pourtant, il a été entièrement animé par la conscience et le désir de devoir, pour ainsi dire, s’immerger à nouveau dans le mystère chrétien, afin d’être en mesure de le proposer à nouveau efficacement à l’homme contemporain. A cet égard, le Serviteur de Dieu Paul VI déclarait deux ans après la clôture de l’Assise conciliaire : « Si le Concile ne traite pas expressément de la foi, il en parle à chaque page, il en reconnaît le caractère vital et surnaturel, il la répute entière et forte et établit sur elle toutes ses affirmations doctrinales. Il suffirait de rappeler quelques affirmations conciliaires [...] pour se rendre compte de l’importance essentielle que le Concile, en cohérence avec la tradition doctrinale de l’Église, attribue à la foi, à la vraie foi, celle qui a pour source le Christ et pour canal le magistère de l’Eglise (Catéchèse de l’Audience générale du 8 mars 1967). Ainsi s’exprimait Paul VI.

 

Mais nous devons maintenant remonter à celui qui a convoqué le Concile Vatican II et qui l’ouvrit : le Bienheureux Jean XXIII. Dans son discours inaugural, celui-ci présenta le but principal du Concile en ces termes : « Voici ce qui intéresse le Concile Œcuménique : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit défendu et enseigné de façon plus efficace. (...) Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de tel ou tel thème de doctrine ... pour cela il n’est pas besoin d’un Concile ... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée de façon à répondre aux exigences de notre temps » (AAS 54 [1962], 790.791-792)

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A la lumière de ces paroles, on comprend ce que j’ai moi-même eu l’occasion d’expérimenter: durant le Concile il y avait une tension émouvante face au devoir commun de faire resplendir la vérité et la beauté de la foi dans l’aujourd’hui de notre temps, sans pour autant sacrifier aux exigences du moment présent ni la confiner au passé : dans la foi résonne l’éternel présent de Dieu, qui transcende le temps et qui pourtant ne peut être accueillie par nous que dans notre aujourd’hui qui est unique. C’est pourquoi je considère que la chose la plus importante, surtout pour un anniversaire aussi significatif que celui-ci, est de raviver dans toute l’Église cette tension positive, ce désir d’annoncer à nouveau le Christ à l’homme contemporain. Mais afin que cet élan intérieur pour la nouvelle évangélisation ne reste pas seulement virtuel ou ne soit entaché de confusion, il faut qu’il s’appuie sur un fondement concret et précis, et ce fondement est constitué par les documents du Concile Vatican II dans lesquels il a trouvé son expression. Pour cette raison, j’ai insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de revenir, pour ainsi dire, à la “ lettre ” du Concile – c’est-à-dire à ses textes – pour en découvrir aussi l’esprit authentique, et j’ai répété que le véritable héritage du Concile Vatican II réside en eux. La référence aux documents protège des excès ou d’une nostalgie anachronique et ou de courses en avant et permets d’en saisir la nouveauté dans la continuité. Le Concile n’a rien produit de nouveau en matière de foi et n’a pas voulu en ôter ce qui est antique. Il s’est plutôt préoccupé de faire en sorte que la même foi continue à être vécue dans l’aujourd’hui, continue à être une foi vivante dans un monde en mutation.

     

 

Si nous acceptons la direction authentique que le Bienheureux Jean XXIII a voulu imprimer à Vatican II, nous pourrons la rendre actuelle durant toute cette Année de la foi, dans l’unique voie de l’Église qui veut continuellement approfondir le dépôt de la foi que le Christ lui a confié. Les Pères conciliaires entendaient présenter la foi de façon efficace. Et s’ils se sont ouverts dans la confiance au dialogue avec le monde moderne c’est justement parce qu’ils étaient sûrs de leur foi, de la solidité du roc sur lequel ils s’appuyaient. En revanche, dans les années qui ont suivi, beaucoup ont accueilli sans discernement la mentalité dominante, mettant en discussion les fondements même du depositum fidei qu’ils ne ressentaient malheureusement plus comme leurs dans toute leur vérité.

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(Comment faire les bons choix)

 

 

Si aujourd’hui l’Église propose une nouvelle Année de la foi ainsi que la nouvelle évangélisation, ce n’est pas pour célébrer un anniversaire, mais parce qu’on en a besoin, plus encore qu’il y a 50 ans ! Et la réponse à donner à cette nécessité est celle voulue par les Papes et par les Pères du Concile, contenue dans ses documents. L’initiative même de créer un Conseil pontifical destiné à promouvoir la nouvelle évangélisation, que je remercie pour les efforts déployés pour l’Année de la foi, entre dans cette perspective. Les dernières décennies une « désertification » spirituelle a progressé. Ce que pouvait signifier une vie, un monde sans Dieu, au temps du Concile, on pouvait déjà le percevoir à travers certaines pages tragiques de l’histoire, mais aujourd’hui nous le voyons malheureusement tous les jours autour de nous. C’est le vide qui s’est propagé. Mais c’est justement à partir de l’expérience de ce désert, de ce vide, que nous pouvons découvrir de nouveau la joie de croire, son importance vitale pour nous, les hommes et les femmes. Dans le désert on redécouvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre ; ainsi dans le monde contemporain les signes de la soif de Dieu, du sens ultime de la vie, sont innombrables bien que souvent exprimés de façon implicite ou négative. Et dans le désert il faut surtout des personnes de foi qui, par l’exemple de leur vie, montrent le chemin vers la Terre promise et ainsi tiennent en éveil l’espérance. La foi vécue ouvre le cœur à la Grâce de Dieu qui libère du pessimisme. Aujourd’hui plus que jamais évangéliser signifie témoigner d’une vie nouvelle, transformée par Dieu, et ainsi indiquer le chemin.

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La première Lecture nous a parlé de la Sagesse du voyageur (cf. Sir 34,9-13) : le voyage est une métaphore de la vie et le voyageur sage est celui qui a appris l’art de vivre et est capable de partager avec ses frères – comme c’est le cas pour les pèlerins sur le Chemin de Saint-Jacques ou sur les autres voies qui ont connu récemment, non par hasard, un regain de fréquentation. Comment se fait-il que tant de personnes ressentent le besoin de parcourir ces chemins ? Ne serait-ce pas parce qu’il trouvent là, ou au moins y perçoivent quelque chose du sens de notre être au monde ? Voici alors la façon dont nous pouvons penser cette Année de la foi : un pèlerinage dans les déserts du monde contemporain, au cours duquel il nous faut emporter seulement ce qui est essentiel : ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent et n’ayez pas deux tuniques – comme dit le Seigneur à ses Apôtres en les envoyant en mission (cf. Lc 9,3) – mais l’Évangile et la foi de l’Église dont les documents du Concile Œcuménique Vatican II sont l’expression lumineuse, comme l’est également le Catéchisme de l’Église catholique, publié il y a 20 ans maintenant.

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Vénérés et chers Frères, le 11 octobre 1962 on célébrait la fête de la Vierge Marie, Mère de Dieu. C’est à elle que nous confions l’Année de la foi, comme je l’ai fait il y a une semaine lorsque je suis allé en pèlerinage à Lorette. Que la Vierge Marie brille toujours comme l’étoile sur le chemin de la nouvelle évangélisation. Qu’elle nous aide à mettre en pratique l’exhortation de l’Apôtre Paul : « Que la Parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez- vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse... Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Col 3,16-17). Amen. 01-IMG 8227

 

 

 

Homilia Ojca Świętego

Czcigodni Bracia,


Drodzy Bracia i Siostry!

Z wielką radością dziś, 50 lat od rozpoczęcia Powszechnego Soboru Watykańskiego II inaugurujemy Rok Wiary. Z radością pozdrawiam was wszystkich, a zwłaszcza Jego Świątobliwość Bartłomieja I, patriarchę Konstantynopola, oraz Jego Eminencję, Rowana Williamsa, arcybiskupa Canterbury. Kieruję szczególną myśl ku patriarchom i arcybiskupom większym Katolickich Kościołów Wschodnich oraz przewodniczących Konferencji Biskupich. Aby upamiętnić Sobór, który niektórzy z nas tutaj obecnych – a których pozdrawiam ze szczególną miłością – mieli łaskę przeżywania osobiście, uroczystość ta została wzbogacona o niektóre szczególne znaki: procesja na wejście, która miała przypomnieć ową pamiętną procesję ojców soborowych, gdy uroczyście wkraczali do tej bazyliki; intronizacja ewangeliarza – tego samego, którego używano podczas Soboru; przekazanie siedmiu orędzi końcowych Soboru i Katechizmu Kościoła Katolickiego, co uczynię na końcu, przed błogosławieństwem. Znaki te, nie tylko skłaniają nas do wspomnień, lecz także przedstawiają nam perspektywę, aby wyjść poza wspomnienie. Zachęcają nas do wejścia głębiej w poruszenie duchowe, które cechowało Vaticanum II, abyśmy je przyjęli za swoje i nieśli je dalej, w jego prawdziwym znaczeniu. A to znaczenie nadawała i nadaje nadal wiara w Chrystusa, wiara apostolska, ożywiana wewnętrznym impulsem, by przekazywać Chrystusa każdemu człowiekowi i wszystkim ludziom w pielgrzymowaniu Kościoła na drogach dziejów.

Rozpoczynający się dziś Rok wiary jest konsekwentnie związany z całą drogą Kościoła w minionych 50 latach: od Soboru, poprzez Magisterium Sługi Bożego Pawła VI, który ogłosił Rok wiary w 1967 roku, aż do Wielkiego Jubileuszu roku 2000, poprzez który błogosławiony Jan Paweł II zaproponował całej ludzkości na nowo Jezusa Chrystusa jako jedynego Zbawiciela, wczoraj, dziś i na wieki. Pomiędzy tymi dwoma pontyfikatami, Pawła VI i Jana Pawła II istnieje głęboka i pełna zbieżność właśnie w Chrystusie jako centrum kosmosu i historii, oraz w apostolskim pragnieniu głoszenia Go światu. Jezus jest centrum wiary chrześcijańskiej. Chrześcijanin wierzy w Boga za pośrednictwem Jezusa Chrystusa, który objawił Jego oblicze. On jest wypełnieniem Pisma Świętego i jego ostatecznym interpretatorem. Jezus Chrystus jest nie tylko przedmiotem wiary, ale, jak mówi List do Hebrajczyków jest tym, „który nam w wierze przewodzi i ją wydoskonala” (Hbr 12,2).
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Dzisiejsza Ewangelia mówi nam, że Jezus Chrystus, namaszczony przez Ojca w Duchu Świętym jest prawdziwym i wiecznym podmiotem ewangelizacji. „Duch Pański spoczywa na Mnie, ponieważ Mnie namaścił i posłał Mnie, abym ubogim niósł dobrą nowinę”(Łk 4,18). Ta misja Chrystusa, to Jego poruszenie trwa nadal w przestrzeni i czasie, przemierza wieki i kontynenty. Jest to ruch, który wychodzi od Ojca i mocą Ducha Świętego ma nieść dobrą nowinę ubogim każdego czasu w sensie materialnym i duchowym. Kościół jest pierwszym i niezbędnym narzędziem tego dzieła Chrystusa, ponieważ jest z Nim zjednoczony, jak ciało z głową. „Jak Ojciec Mnie posłał, tak i Ja was posyłam” (J 20,21). Tak powiedział uczniom Zmartwychwstały i tchnąc na nich dodał „Weźmijcie Ducha Świętego!” (w. 22). To Bóg jest głównym podmiotem ewangelizacji świata, przez Jezusa Chrystusa; ale sam Chrystus chciał przekazać Kościołowi swoją misję. Uczynił to i czyni nadal aż do końca czasów, wzbudzając w uczniach Ducha Świętego, tego samego Ducha, który spoczął na Nim i pozostał w Nim podczas całego życia ziemskiego, dając Mu moc by „więźniom głosić wolność, a niewidomym przejrzenie”, by „uciśnionych odsyłać wolnymi” i „obwoływać rok łaski od Pana” (Łk 4,18-19).

Sobór Watykański II, nie zamierzał sprecyzować tematu wiary w jakimś specjalnym dokumencie. A mimo to był on w pełni ożywiany świadomością i pragnieniem konieczności, że tak powiem, ponownego zanurzenia się w misterium chrześcijańskim, aby można je było skutecznie na nowo zaproponować współczesnemu człowiekowi. Tak na ten temat mówił Sługa Boży Paweł VI dwa lata po zakończeniu obrad soborowych: „Jeśli Sobór nie mówi wprost o wierze, to mówi o niej na każdej stronie, uznaje jej żywotny i nadprzyrodzony charakter, zakłada, że jest ona integralna i mocna i buduje na niej swoje nauczanie. Wystarczy przypomnieć niektóre stwierdzenia soborowe […], aby zdać sobie sprawę z zasadniczego znaczenia, jakie Sobór, zgodnie z tradycją doktrynalną Kościoła przypisuje wierze, prawdziwej wierze, której źródłem jest Chrystus, a drogą Magisterium Kościoła” (Katecheza podczas audiencji ogólnej, 8 marca 1967 r.). Tak mówił Paweł VI.

Musimy teraz powrócić do tego, który zwołał Sobór Watykański II i go zainaugurował: bł. Jana XXIII. W przemówieniu na jego otwarcie przedstawił on główny cel Soboru tymi słowami: „Do obowiązku Soboru Powszechnego należy przede wszystkim strzeżenie świętego depozytu nauki chrześcijańskiej i podawanie go w jak najbardziej skutecznej formie [...] Punctum saliens tego soboru nie jest więc dyskusja nad którymś z artykułów podstawowej doktryny Kościoła... Nie dlatego więc Sobór był potrzebny... Trzeba, aby ta nauka pewna i niezmienna, która musi być wiernie przestrzegana, została pogłębiona i przedstawiona w sposób odpowiadający wymogom naszych czasów” (AAS 54 [1962], 790.791-792).

W świetle tych słów możemy zrozumieć, to czego ja sam mogłem wówczas doświadczyć: podczas Soboru było poruszające dążenie odnośnie do wspólnego zadania, sprawienia żeby zajaśniała prawda i piękno wiary w naszym dniu dzisiejszym, nie podporządkowując jej wymogom chwili obecnej, ani też nie krępując przeszłością: w wierze rozbrzmiewa nieustannie obecna wieczność Boga, który przekracza czas i mimo to może być przez nas przyjęty jedynie w naszym niepowtarzalnym dziś. Dlatego uważam, że rzeczą najważniejszą, szczególnie przy tak znaczącej okazji, jak obecna, byłoby rozniecenie w całym Kościele tego pozytywnego napięcia, tego pragnienia, aby głosić ponownie Chrystusa współczesnemu człowiekowi. Jednak, aby ten wewnętrzny impuls do nowej ewangelizacji nie pozostał jedynie ideałem i nie grzeszył zamętem, trzeba, aby opierał się na konkretnej i precyzyjnej podstawie, a są nią dokumenty Soboru Watykańskiego II, w których znalazł on swój wyraz. Z tego względu wielokrotnie podkreślałem konieczność powrotu, by tak powiedzieć, do „litery” Soboru – to znaczy do jego tekstów – aby w nich znaleźć także autentycznego ducha i powtarzałem, że znajduje się w nich prawdziwe dziedzictwo Vaticanum II. Odniesienie się do dokumentów chroni przed skrajnościami anachronicznych nostalgii i gonienia do przodu, i pozwala na uchwycenie nowości w ciągłości. Sobór nie wymyślił nic nowego jako przedmiotu wiary ani też nie chciał zastępować, tego co stare. Raczej troszczył się o to, aby ta sama wiara nadal była przeżywana w dniu dzisiejszym, nadal była wiarą żywą w zmieniającym się świecie.

Jeśli będziemy zgodni z autentycznym usytuowaniem, w jakim bł. Jan XXIII chciał umieścić Vaticanum II, będziemy mogli uobecniać go w ciągu tego Roku wiary, w obrębie jedynej drogi Kościoła, który nieustannie pragnie pogłębiać powierzony mu przez Chrystusa depozyt wiary. Ojcowie soborowi chcieli przedstawić wiarę na nowo w sposób skuteczny; z ufnością otwarli się na dialog ze współczesnym światem, właśnie dlatego, że byli pewni swojej wiary, mocnej skały na której budowali. Natomiast w latach następnych, wielu bez rozeznania przyjęło dominującą mentalność, poddając w wątpliwość same podstawy depositum fidei, których niestety nie odczuwali już w ich prawdzie jako swoje własne.

Jeśli dzisiaj Kościół proponuje nowy Rok wiary i nową ewangelizację, nie robi tego aby uczcić jakąś rocznicę, ale ponieważ jest to konieczne nawet bardziej niż przed 50 laty! A odpowiedź, jaką należy dać na tę potrzebę, jest ta sama, jaką zechcieli dać Papieże i Ojcowie Soboru, a która zawarta jest w jego dokumentach. Także inicjatywa utworzenia Papieskiej Rady, której celem jest krzewienie nowej ewangelizacji, a której dziękuję za szczególne zaangażowanie w Rok wiary, mieści się w tej perspektywie. W minionych dziesięcioleciach rozwinęło się duchowe „pustynnienie”. Co mogłoby oznaczać życie, świat bez Boga, w czasach Soboru można było już poznać z pewnych tragicznych kart historii, ale niestety obecnie widzimy to każdego dnia wokół nas. Rozprzestrzeniła się pustka. Ale właśnie wychodząc od doświadczenia tej pustyni, od tej pustki, możemy odkryć na nowo radość wiary, jej życiowe znaczenie dla nas, mężczyzn i kobiet. Na pustyni odkrywa się wartość tego, co jest niezbędne do życia; w ten sposób we współczesnym świecie istnieją niezliczone znaki pragnienia Boga, ostatecznego sensu życia, często wyrażane w formie ukrytej czy negatywnej. Na pustyni trzeba nade wszystko ludzi wiary, którzy swym własnym życiem wskazują drogę ku Ziemi obiecanej i w ten sposób uobecniają nadzieję. Żywa wiara otwiera serce na Łaskę Boga, która uwalnia od pesymizmu. Dziś bardziej niż kiedykolwiek ewangelizowanie oznacza bycie świadkiem nowego życia, przemienionego przez Boga, i w ten sposób wskazywanie drogi. Pierwsze czytanie mówiło nam o mądrości podróżnika (por. Syr 34, 9-13): podróż jest metaforą życia, a mądry podróżnik to ten, który nauczył się sztuki życia i może dzielić się nią z braćmi – jak to się dzieje w przypadku pielgrzymów na szlaku Camino de Santiago, lub na innych trasach, które nieprzypadkowo są znów w tych latach w modzie. Dlaczego tak wielu ludzi czuje dzisiaj potrzebę odbycia tych pielgrzymek? Czyż nie dlatego, że znajdują tam, albo przynajmniej wyczuwają, sens naszego istnienia w świecie? W ten więc sposób możemy przedstawić sobie ten Rok wiary: pielgrzymka na pustyniach współczesnego świata, w której trzeba nieść tylko to, co istotne: ani laski, ani torby podróżnej, ani chleba, ani pieniędzy ani dwóch sukien – jak mówi Pan apostołom posyłając ich na misję (por. Łk 9,3), lecz Ewangelia i wiara Kościoła, której jaśniejącym wyrazem są dokumenty II Powszechnego Soboru Watykańskiego, podobnie jak też nim jest opublikowany przed dwudziestu laty Katechizm Kościoła Katolickiego.

Czcigodni i drodzy bracia, 11 października 1962 r. obchodzono święto Świętej Bożej Rodzicielki Maryi. Jej zawierzamy Rok wiary, tak jak to uczyniłem przed tygodniem udając się jako pielgrzym do Loreto. Panna Maryja niech zawsze świeci jak gwiazda na drodze nowej ewangelizacji. Niech nam pomoże realizować w praktyce zachętę apostoła Pawła: „Słowo Chrystusa niech w was przebywa z [całym swym] bogactwem: z wszelką mądrością nauczajcie i napominajcie samych siebie... I wszystko, cokolwiek działacie słowem lub czynem, wszystko [czyńcie] w imię Pana Jezusa, dziękując Bogu Ojcu przez Niego” (Kol 3,16-17). Amen.

tłum. st (KAI)

Za: Katolicka Agencja Informacyjna, 11 października 2012 r.

 

 

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